Description des ammonites et nautiles
Tous deux sont des mollusques céphalopodes marins, cousins des pieuvres et des calmars existants, dotés d'une coquille externe univalve cloisonnée et de tentacules disposés autour de la tête.
Ils sont présents dans le monde entier en grandes quantités dans les archives fossiles, avec une importante diversité d'espèces. En raison de l'évolution rapide des espèces et de leur grand nombre, les ammonites sont largement utilisées comme marqueurs pour identifier des strates géologiques spécifiques, en particulier pour l'identification des ères du Jurassique.
Les chambres de la coquille sont remplies de gaz, sauf la dernière (et la plus grande), qui est la chambre de vie, où se trouve le corps de l'animal. Lorsque l'animal grandit, il ajoute une nouvelle chambre plus grande à l'extrémité ouverte de son enroulement.
L'animal reste relié à la première chambre par le siphon.
En paléontologie, il est courant de baser notre interprétation du mode de vie possible des organismes fossiles sur la connaissance d'organismes actuels morphologiquement proches. Cela peut conduire à des biais importants, comme dans le cas des ammonites, pour lesquelles on a longtemps imaginé une écologie proche de celle du nautile. Cette vision est aujourd'hui largement remise en cause, les ammonites étant plus proches des pieuvres et des calmars que des nautiles (Engeser, 1996; Jacobs and Landman, 1993; Saunders and Ward, 1994; Ward et al., 2023).
Anatomie des ammonites et nautiles
Figure 1. Représentation schématique de l'anatomie d'un nautile (en haut) et d'une ammonite (en bas) sur une coupe transversale.
Figure 2. Représentation schématique d'une vue de face (en haut) et de profil (en bas) d'une ammonite (fossile).
Figure 3. Représentation schématique des lignes de suture. De A, la forme la plus simple, à C, la plus compliquée.
Ces lignes correspondent au contact entre les parois des chambres (appelées septa) et la partie interne de la coquille. Les nautiles n'ont que des lignes de suture simples (figure 1A) alors que les ammonites vont de lignes de suture très simples à des lignes de suture très élaborées (figure 1A à C). Ces lignes ne sont visibles que lorsque les sédiments se fossilisent à l'intérieur de la coquille. La partie externe de la coquille disparaît et on ne retrouve que la partie interne, montrant les lignes de suture.
Alors que les nautiles sont tous très involute (figure 4), la variété d'espèces dans le règne des ammonites est grande et nous retrouvons tous les différents types d'enroulement.
Figure 4. Représentation schématique des différents types d'enroulement des coquille trouvés dans les archives fossiles.
Différences entre ammonites et nautiles
Ammonites (Ammonoidea)
Première apparition dans les archives fossiles au Dévonien, il y a 410 millions d'années.
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Éteintes (plus de 10 000 espèces décrites), elles ont disparu lors de la crise d'extinction du Crétacé - Paléogène il y a 65 millions d'années, à la fin du Crétacé (en même temps que les dinosaures). Plus on se rapproche du Crétacé, plus leur structure est complexe.
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Tendance à avoir des lignes de suture complexes.
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Septa avec des renflements et des indentations, (à des degrés divers) convexes vus de face (Procoele, orienté vers l'avant).
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Coquilles avec divers ornements (rainures, carènes, tubercules, nodules, côtes, etc.), peut-être liés à leur écologie (Cowen et al., 1973; Ritterbush et al., 2014).
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Diamètre maximal connu de 1,80 m (Ifrim et al., 2021) (et le plus petit est de 10 mm).
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Le siphon passe le long du coté ventral des septa et des camerae.
Nautiles (Nautilidea)
Première apparition dans les archives fossiles à la fin du Trias, il y a 230 millions d'années.
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Existent encore (seulement 9 espèces).
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Lignes de suture simples.
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Septa simple, en forme de plat et concave vu de face (Opisthocoele, orienté vers l'arrière).
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Coquille lisse et colorée
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Diamètre maximal connu de 25 cm pour les espèces vivantes et de 2,5 m pour les fossiles.
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Le siphon passe par le centre des septa et des camerae.
Bibliography / Bibliographie
Cowen, R., Gertman, R., and Wiggett, G.: Camouflage patterns in Nautilus , and their implications for cephalopod paleobiology, LET, 6, 201–213, https://doi.org/10.1111/j.1502-3931.1973.tb01193.x, 1973.
Engeser, T.: The Position of the Ammonoidea within the Cephalopoda, in: Ammonoid Paleobiology, vol. 13, edited by: Landman, N. H., Tanabe, K., and Davis, R. A., Springer US, Boston, MA, 3–19, https://doi.org/10.1007/978-1-4757-9153-2_1, 1996.
Ifrim, C., Stinnesbeck, W., González González, A. H., Schorndorf, N., and Gale, A. S.: Ontogeny, evolution and palaeogeographic distribution of the world’s largest ammonite Parapuzosia (P.) seppenradensis (Landois, 1895), PLoS ONE, 16, e0258510, https://doi.org/10.1371/journal.pone.0258510, 2021.
Jacobs, D. K. and Landman, N. H.: Nautilus - a poor model for the function and behavior of ammonoids?, LET, 26, 101–111, https://doi.org/10.1111/j.1502-3931.1993.tb01799.x, 1993.
Ritterbush, K. A., Hoffmann, R., Lukeneder, A., and De Baets, K.: Pelagic palaeoecology: the importance of recent constraints on ammonoid palaeobiology and life history, Journal of Zoology, 292, 229–241, https://doi.org/10.1111/jzo.12118, 2014.
Saunders, W. B. and Ward, P. D.: Nautilus is not a model for the function and behavior of ammonoids, LET, 27, 47–48, https://doi.org/10.1111/j.1502-3931.1994.tb01554.x, 1994.
Ward, P., Barord, G. J., Schauer, A., and Veloso, J.: Comparative Trophic Levels of Phragmocone-Bearing Cephalopods (Nautiloids, Ammonoids, and Sepiids), Integrative And Comparative Biology, 63, 1285–1297, https://doi.org/10.1093/icb/icad125, 2023.
Juin 2025